O rage, O désespoir, Au secours ! Les cours préparatoires avaient commencés et j'avais somnolé une grande partie de la matinée. Somnoler... Plutôt ronfler. Je m'étais levée avec un air "ne pas déranger, n'a pas pris son café", m'étais rendue dans la cuisine et avais remarqué 14h sur le four. Même pas le temps d'avaler ce foutu petit déjeuner que mon déjeuner devait prendre place dans mon estomac. Hélas... Depuis mon arrivée, je n'avais fait aucune course, me contentant de manger sur les divers trajets que j'avais effectué, des trucs déjà préparés. Ma bourse n'en était devenue que plus maigre et ma recherche d'emploi infructueuse me contraindrait, dans les prochains mois, a nettoyé la résidence, si je ne souhaitais pas perdre ce qu'il me restait. J'avalais mon café.

Personne dans la résidence. Même pas un chat. Si j'avais dormi aussi longtemps, était-ce de la faute à ce "oni-chan" qui m'avait fait piétiné dans les rues marchandes à la recherche d'une mère portée disparue ? Etait-ce ma bonne action de ne pas vouloir abandonner l'enfant aux mains de cet homme qui avait cédé à mes volontés si facilement ?

Salle de bain. L'avantage, lorsque les lieux sont déserts, c'est qu'il n'y a pas la queue pour y accéder. Même si cela me laissait vagabonder en serviette dans les couloirs de mes ennemis, à noter les Saru, les Neko et les Risu, je savais que contrairement à moi, les autres s'étaient levés pour se rendre aux divers lieux où ils étaient attendu.

Vêtue d'une jupe plissée, j'avais regardé l'espace d'un instant mon costume de maid. Non décidément, je ne le porterais que si l'on me force à le faire, que si cela me permet de trouver un emploi, que si ils organisent une soirée déguisée... J'enfilais ma chemise. Mon uniforme de lycéenne en place, car, beaucoup de linge sale s'était accumulé durant les jours passés et je n'avais pas encore trouvé de laverie dans la résidence, j'avais franchi le couloir, dérapé sur le parquet en chaussettes et avais filé à l'extérieur en ayant pris soin de mettre mes chaussures.

16h avait affiché l'horloge de la gare. Zut. Tant pis pour les cours préparatoires. Il m'avait fallu deux heures pour émerger, me préparer et arriver jusque là. Que s'était-il passé hier ? Je n'avais pourtant pas fait de sport... Hormis, certes, de la marche plus ou moins rapide, en fonction des pas de mon accompagnateur.

Le parc... Il se dessinait devant moi, à présent. J'avais opté pour regagner mon lieu de domicile et m'étais retrouvé là. Des enfants s'amusaient dans le bac à sable, d'autres sur le toboggan et brusquement j'entendis "onee-chan !". La bouille de la veille arrivait vers moi en courant, se vautra lamentablement et je dus me résoudre à aller le voir afin de le relever. "Onee-chan !" continua-t-il les yeux bordés de larmes. Je sortis de mon sac un pansement et après être aller chercher de quoi humidifier mon mouchoir, je nettoyais la plaie pour y coller l’adhésif sur lequel un ours semblait saluer la foule. Il repartit jouer ensuite.

Je m'installais sur un banc. L'automne prenait place doucement et je n'allais pas rater une nouvelle fois le concours de Todaï sous prétexte que je n'avais pas révisé. Je sortis donc un livre et me mis à le lire, un crayon dans les mains pour essayer de résoudre des questions. Questions plus ou moins banales, plus ou moins difficiles selon les gens, plus ou moins bien formulées.

HRP:

Après m'être confortablement installée, j'avais finalement opté pour mettre mes pieds sur le bord du banc, me servant de mes cuisses en guise de pupitre, cachant de mes mollets mes sous vêtements et tenant de ma main gauche mon crayon pour écrire les éventuelles réponses que je trouvais. Réponses parfois erronées, parfois correctes, d'après les solutions à la fin du livre. Je levais les yeux au ciel, mettant en arrière ma tête afin de regarder le ciel l'espace d'un instant. Si les réponses fausses pouvaient être justes, si quelqu'un pouvait écrire les réponses pour moi dans le ciel, je n'aurais pas à être là, à ouvrir ce livre et à me tromper une fois sur trois.

Je reportais mon attention sur le livre et jetais un coup d'oeil à l'enfant de la veille. Il trainait sur le toboggan, se laissant glisser sur le plastique d'une trompe d'éléphant. Je souris lorsqu'il me fit coucou et agitais la main dans sa direction. Bon. Allez. Ruika, cesses de regarder ce gosse et bosses un peu !

Je repris ma lecture de questions. Cette fois-ci à voix haute...

"De 1 à 4 ci-dessous choisir la déclaration qui décrit le mieux le système monétaire des gestionnaires... 1. Il s'agit d'un système dans lequel la banque centrale émet une monnaie convertible et garantit la convertibilité de la monnaie d'or... 2. C'est un système qui a été adopté par presque tous les pays au 19ème siècle... 3. Il permet aux banques privées d'utiliser l'or comme monnaie... 4. Il permet un réglage flexible de la masse monétaire , mais il gère les risques de déstabilisation de la valeur de la monnaie ou de provoquer l'inflation..."

Je me mis à rire et relisais les réponses. Après un moment d'hésitation, je m'apprêtais à cocher une réponse, la troisième. Devais-je réellement cocher celle-là ? Après tout, c'était juste celle que je voulais cocher par intuition. J'inspirais profondément, posais la mine de mon stylo sur le papier lorsque mon regard se détourna vers le toboggan suite aux cris d'un enfant. Fausse alarme. C'était des cris de joies. Depuis quand était-je devenue protectrice avec les gosses ? Ah ! Oui ! Je ne l'étais pas. C'est juste qu'ayant besoin de réfléchir, j'avais espéré le calme. Je reportais mon attention sur le livre.

M'apprêtant à cocher la troisième réponse, la mine appuyée sur le chiffre, je l'entourais en entendant mon téléphone. Me remettant normalement sur le banc, je laissais choir d'un côté mon cahier et mon crayon afin de chercher dans mon sac de l'autre côté, mon portable rouge. Fouillant à l'intérieur, je sentis mon porte-monnaie, un autre livre sur la préparation aux examens de Todaï, un paquet de mouchoirs, quelques stylos, mon pass pour le shinkansen, ma clé de chambre et, enfin, au fond, mon portable. Non. Je ne suis pas bordélique, c'est juste qu'étant en retard, j'ai tout fourré dans mon sac en partant...

J'ouvris le clapet dont l'écran du dessus affichait une enveloppe. Un message. Je pianotais et finis par lire, après avoir vu le nom de l'expéditeur : "tu es très mignonne quand tu révises. Je suis également au parc... Pas très loin de toi, en fait." Je jetais un regard devant moi, à droite et à gauche avant de taper sur les différentes touches pour y répondre : "T'es où ?0.o Tu devrais aller voir un ophtalmo, tu sais ! XD". Je posais mon cellulaire sur mon sac et reprenais mon livre. Bon. Allez... Regardons la correction pour voir si j'ai juste. Les pages se tournèrent, et, je découvrais la réponse.

"Juste ! Yeah !"

J'avais levé mes bras en signe de victoire, faisant valser le bouquin et le crayon. Zut. Je devais à présent retrouver mon outils me permettant de poursuivre mes entrainements. Je l'aimais bien ce stylo. Je ramassais en priorité le livre, à mes pieds avant de me lever pour chercher ce qu'il me manquait.

16h30 avait affiché mon téléphone lorsque j'avais lu le message. Mon ventre gargouilla tandis que je cherchais encore dans l'herbe autour du banc. Ah... Oui... C'est vrai... Je n'avais pas vraiment manger... De plus, avant de me rendre en ville pour acheter un truc qui comblerait le creux de mon estomac, je devais retrouver ce stylo.

Je cherchais encore et encore mon stylo lorsque mon téléphone retentit. Un autre message que je lirais plus tard, trop absorbée dans ma recherche. Je gagnais, à présent, le sol du banc. Je me retrouvais donc à quatre pattes, la jupe plissée couvrant mes fesses mais très peu de mes cuisses, à chercher à tâtons sous ma précédente assise. Heureusement, il n'avait pas plus récemment sinon, je serais couverte de boue, puisque ma recherche restait infructueuse malgré mes mains farfouillant dans les touffes d'herbe.

Mon prénom... La voix de Leo... Le mot appartenir... Je relevais la tête et me pris mon assise au sommet de mon crâne. Aïe. Deux neurones en moins. Je me mis à reculer doucement et me relevais légèrement pour regarder ce que me tendait l'homme. Mon regard passa de scepticisme à  surprise, de surprise à émerveillement et un grand sourire éclaira mon visage, tel un enfant à qui l'on venait d'offrir une sucette de fête foraine.

"Tu l'as retrouvé Leo ! Merci ! Merci ! Merci !"

J'attendis qu'il me le donne pour me relever. J'aurais pu l'enlacer mais, c'était un homme. Un homme plus âgé et dont la vision au rotenburo m'avait fait rougir. De plus, je n'appréciais pas les câlins et grimaçais à chacun d'eux. Aussi, je ne fis rien. Mon ventre profita de cet instant pour se manifester une fois de plus, me faisant baisser mon regard vers le sol. Oui. Je sais. Maintenant que j'ai mon stylo, je suis censée aller m'alimenter un peu.

Je me relevais sans aide et me souvins avoir reçu un message. M'approchant de mon sac, je remarquais qu'il s'agissait du jeune homme et d'une réponse sur une possible consultation d'un ophtalmologue. Je fourrais dans mon sac le portable, mon livre et le fameux stylo avant de reporter mon attention sur Leo.

"On va manger un morceau ? Il y a certainement un vendeur ambulant dans ce parc..."

Les enfants nous regardaient et celui que j'avais connu précédemment, vînt à nous pour demander : "c'est ton amoureux ?" Je regardais le petit garçon et fit non de la tête. Enfin, il s'éloigna après avoir lancé un regard noir à Leo.

L'enfant et la réaction du jeune homme me firent sourire une fois de plus. Leo me fit part de sa petite faim à lui aussi. Peut-être n'avait-il pas mangé lui non plus, vu son emploi du temps. D'ailleurs, il ne devait pas être plongé dans ses bouquins à cette heure-ci ? En train d'apprendre je ne sais quoi sur je ne sais quel sujet. Je m'aperçus que je ne savais même pas son domaine d'études. Plutôt basé sur des recherches scientifiques ou sur des lectures philosophiques ? Sur l'archéologie ou sur la médecine ? Je l'ignorais. Il faudrait que je lui pose la question mais pour l'heure, mon ventre se manifesta pour la troisième fois.

Me conduisant jusqu'à un vendeur de glaces et autres gourmandises que les enfants quémandaient à leur parent pour goûter, je l'entendis me demander ce que je souhaitais. J'avais eu le temps d'attraper mon sac avant de le suivre et mon porte-monnaie, fourré à l'intérieur, finirait par sortir si je me mettais à chercher.

"Je vais prendre un pocky à la fraise !"

Je les avais vu derrière une petite vitre et ils me faisaient de l'oeil. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ce genre de choses ? Je ne sus répondre mais une chose était certaine, je n'en avais jamais vu à la fraise. Se rapprocher de Tokyo me faisait donc découvrir des nouveautés.

Tandis que je cherchais dans mon sac de quoi payer, puisque le vendeur m'avait entendu et avait sorti la boite devant lui, je regardais mon accompagnateur et lui sourit.

"Et toi ? Que prends-tu ?"

Un enfant derrière nous commençait à s'impatienter. Sa mère attendait à ses côtés pour lui prendre une sucette. Lorsqu'il m'entendit parler de Pocky à la fraise, il nous regarda. C'était un autre enfant que le précédent. Il me fit signe d'approcher et je me baissais, cherchant toujours dans mon sac d'une main. Me chuchotant quelques mots à l'oreille, je devîns écarlate et après avoir entendu Leo me répondre, je me retrouvais hésitante à prendre mon choix...

Trop tard. Mon hésitation avait fait débourser mon accompagnateur et je me retrouvais à devoir consommer ces bâtonnets enrobés d'un nappage fraise, tandis qu'il avait opté pour une glace à la vanille. Leo m'informa qu'après mes révisions, manger quelque chose me ferait du bien. Ce n'était pas assez pour combler un repas mais suffisant pour un encas. Depuis mon arrivée, j'avais surtout mangé sur le pouce et mon estomac ne s'était pas totalement habitué à manger si vite. Au contraire, il lui arrivait de gargouiller dans l'espoir d'avoir plus de nourriture et d'être pleinement rassasié. Hélas, je n'avais jamais le temps. Le temps de faire les épiceries pour ranger quelques victuailles dans le placard qui m'était surement destiné dans la cuisine, l'argent pour acheter des denrées alimentaires... Je n'avais rien. Jonglant trop souvent entre les rencontres, les cours préparatoires et ma vie de locataire dans la résidence.

"Oui. Et toi, alors... Que faisais-tu dans ce parc ? Les cours sont terminés ?"

J'avais souri, ouvert le paquet et pris un biscuit nappé que je croquais doucement en attendant quelques mots. J'avais remarqué les agissements du petit garçon qui, lui, avait quémandé à sa génitrice une sucette gout cola, derrière le dos de Leo. Il s'amusait à mimer un bisou, tendant ses lèvres dans notre direction.

Détournant le regard vers mon accompagnateur, je plongeais mon regard dans le sien et, penchais légèrement la tête sur le côté. J'attendis de ne plus avoir la bouche pleine pour finalement le remercier de cet achat.

"Merci d'avoir payé mais, tu sais... J'avais les moyens de régler hein..."

Bon certes, j'allais bientôt devoir faire la manche dans les rues d'Hinata, voler le sac d'une quelconque personne âgée, ou encore devenir pickpocket dans le shinkansen mais... Premièrement, il l'ignorait, deuxièmement, je n'en étais pas encore là et troisièmement, je n'avais pas renoncé à trouver un emploi.

"Bon... Alors ! Et ces études ? Comment est-ce la vie d'étudiant à Todaï ?"

Changement de sujet pendant que je croquais dans un autre pocky, me mettant cette fois-ci devant lui afin de ne me retrouver à le suivre et peut-être à ramasser une glace par terre. La vie d'étudiante était assurément plus trépidante que celle d'un élève en prépa'. Les cours, les lieux, les enseignants... Tout devenaient certainement plus concret que la salle où je faisais ma préparation à ce maudit concours.

L'enfant suivit sa mère et retourna vers les autres afin de montrer à tous combien sa génitrice l'aimait car, il avait obtenu une sucrerie, contrairement à certains.

J'aurais aimé des détails croustillants de sa vie d'étudiant. Pour moi, elle paraissait trépidante. Fini le moment où on était considéré comme des enfants, bonjour monde d'adulte et futur ! Bien que ma vie n'ait pas été celle de tous lycéens puisque j'avais travaillé dans un maid café... A croire que j'étais allé dans le monde du travail bien plus tôt que prévu. Peut-être que j'avais échoué au concours à cause de cet emploi et de ce monde professionnel. Je secouais la tête pour me chasser ces idées de l'esprit. De plus, il n'avait que survolé le sujet. Ah ! Ces hommes ! Même pas capable d'exprimer tout ce que l'on attend d'eux ! Il devait bien y avoir des trucs sympa en fac comme des repas à la cafétéria où on s'échangeait des potins et d'autres choses... Après tout, les étudiants devaient bien être passé par la case lycée non ?

17h. Heure à laquelle mon accompagnateur me posa la question "qu'est-ce que tu comptes faire aujourd'hui ?". Entre ma faim, mon stylo égaré-retrouvé-rangé, mes cours à bosser et le fait qu'il me faudrait aller en cours le lendemain, afin d'entrer à l'université, j'ignorais de quoi allait être faite la fin de ma journée. Je me mis à réfléchir, portant mon index à mes lèvres et levant les yeux au ciel. Je devais réviser, certes, faire quelques courses afin de ne pas trop dépenser en alimentation puisque les denrées cuisinées sont plus onéreuses que celles que l'on doit préparer... Je pris un autre pocky qui remplaça mon index, puis l'agitais comme s'il avait été un prolongement de mon index.

"Ah ! Je dois réviser... Pour le concours ! Je n'ai toujours pas trouvé d'emploi mais... Pour l'instant, je pense me consacrer à cette entrée en université !"

Bon, j'avoue... Si une offre d'emploi se jetait devant mes yeux, je postulerai. De toutes façons, je n'avais pas le choix, sinon, je finirais par rentrer chez moi en faisant du stop. L'idée était déplaisante et me fit faire une petite grimace. Encore l'un des préceptes de ma génitrice "ne pas monter avec des inconnus" qui s’immisçait dans mes pensées.

"Et toi ?"

J'avais reporté mon attention sur Leo et croquait dans le bâtonnet enrobé de nappage fraise. J'attendis une réponse avant de lui tendre la boite, signe que puisqu'il avait payé, il pouvait également en manger.

"Quand ?"

J'avais croqué une nouvelle fois dans mon encas tandis que mon estomac cessait doucement ses gargouillis. Neverland... J'avais du en voir quelques affiches, en ville. Une grande roue, un manoir hanté ou un train fantôme, des ballons, des sucreries et en gros caractère le nom de cette fête foraine. Mon problème résidait toujours dans l'argent et mon futur. Comment s'amuser lorsqu'on a peu d'argent ? Comment réussir mon entrée à Todaï si je préfère m'amuser ? Je regardais le sol, mes pieds, et ceux de la personne qui se trouvait face à moi. Si c'était un soir, je pourrais certainement en profiter. Il me suffisait simplement de prendre un jour où le lendemain, je n'aurais pas à me rendre à Tokyo afin de préparer mon avenir. De plus, je devais réserver une somme d'argent pour payer l'entrée. Il me fallait bien quelques jours pour prévoir tout cela et surtout, surtout, faire une machine pour avoir quelques vêtements à porter, autre que mon uniforme de lycéenne.

Je reportais mon attention sur Leo. Un grand brun que je croisais souvent dans ce parc ou aux alentours. A bien y réfléchir, je le voyais souvent. Peut-être trop. Devenions-nous amis tous les deux ? Je l'ignorais. Mais il me semblait que j'avais vaguement vu deux résidents supplémentaires : Sena et Niwa. Nous devions être quatre locataires et une gérante inconnue qui prélèverait mon loyer, le mois prochain. Pourquoi ne pas leur proposer de se joindre à nous ? Je souris et reprenais un pocky de la boite.

"Et si on y allait en groupe ? On pourrait faire connaissance avec les autres locataires de la résidence non ?"

J'avais souri, penché ma tête sur le côté gauche et j'attendais, le bâtonnet encore à l'orée de mes lèvres.

Quand je le souhaitais ? Hum... Un samedi soir, surement. Cela me laisserait le temps de connaitre divers résidents et de leur proposer de se joindre à nous... Après tout, plus on est de fous, plus on rit ! Il me faudrait également croiser de multiples inconnus afin de les inviter. J'apprendrais à les connaitre au fil de la soirée... J'imaginais déjà l'ambiance sympathique de la soirée, les peluches remportées, les frayeurs et les rires qui existeraient... Et les multiples personnalités que j'allais rencontré.

Leo trouvait l'idée bonne. Mais celle-ci devait nous permettre de fréquenter d'autres individus et peut-être reverrais-je cet oni-chan de la veille, peut-être deviendrions-nous ami et qu'il m'aiderait à réviser le concours car, Leo avait certainement d'autres préoccupations... Je portais à mes lèvres mon pocky et croquait doucement dedans. Il fallait donc croiser des individus dans la résidence pour les inviter à nous rejoindre. Ce qui sous-entendait faire le pied de grue devant la salle de bain commune car, il n'y en avait qu'une... L'idée m'amusait. J'attrapais la main de Leo disponible. Celle qui ne contenait pas sa glace qui fondait doucement sous la chaleur de la fin de l'été de ma main disponible, mon bâtonnet terminé.

"Leo ! Merci !"

Mes yeux reflétaient des étoiles scintillantes imaginaires. Un grand sourire éclaira mon visage et continuant de lui tenir la main, la réalité revînt à moi. Je devais préparer diverses choses pour ce soir-là. Je devais d'ailleurs lui donner le jour et, mettre de côté de l'argent pour l'entrée, pour une petite collation ainsi que pour un quelconque souvenir de la soirée. Les photos prises avec mon téléphone ne serait pas suffisante... Je continuais cependant de le regarder, plongeant mes yeux aux couleurs caramels dans les siens gris bleu.

"On peut y aller samedi soir !"

Bon certes, cela ne laissait que quelques jours pour découvrir de nouveaux résidents et les inviter... D'ailleurs, j'espérais qu'ils ne me prendraient pas pour une folle car,si une inconnue vous invitait à un parc d'attraction, vous iriez, vous ?

A sa réponse, j'avais eu envie de lever mes bras en l'air en signe de victoire mais, l'une de mes mains tenait un paquet de biscuits et l'autre avait attrapé la main du garçon. D'ailleurs, il me sembla ressentir une légère pression dessus. Ce n'était plus vraiment moi qui lui tenait la main, mais lui qui le faisait. Je haussais les épaules. Les amis se tenaient par la main, depuis l'enfance, il n'y avait aucune raison pour que cela change en étant étudiant.

J'imaginais encore et encore qui je pourrais croiser et inviter à notre sortie de samedi soir. Des filles aux formes plus ou moins généreuses, des garçons plus ou moins forts, et l'idée d'un goukon traversa mon esprit. Je secouais la tête doucement. Mes cheveux suivirent le mouvement et une mèche revint devant mes yeux. Un goukon supposait des couples à la fin de celui-ci et, je n'allais certainement pas tomber amoureuse d'un claquement de doigts. Mais les autres... Peut-être que si...

Il me sortit de mes pensées, me demandant si je souhaitais marcher ou rentrer. Il devait être 17h30 et en parlant de raccompagner, il me vint une question. Cette dernière m'avait laissé penser que c'était une façon de saluer les gens en Europe mais, je n'en avais aucune certitude, n'ayant pas quitter mon pays natal.

"Au fait, Leo... En Europe, on embrasse la joue des gens pour leur dire au revoir ?"

J'avais au début de ma phrase, porté attention à son regard puis, au fil de mes mots, j'avais descendu mes yeux sur ses lèvres afin de bien comprendre la réponse qui allait en sortir.

Concernant mon idée de goukon, mon esprit avait décidé d'attendre un peu avant de soumettre l'idée à quelques résidents. C'était souvent pour Noël que les couples désiraient se former et nous débutions doucement l'automne. J'avais donc quelques mois d'avance.

Et un bon point pour moi ! Un ! La coutume européenne était d'embrasser la joue des gens, peu importe la relation entretenue. Je n'aurais pas finie d'être surprise si je devais m'y rendre un jour... Je devrais également faire comme eux... A Rome, on fait comme les Romains. Au Japon, comme les Japonais alors ? Il avait parlé d'apprendre les coutumes japonaises. Il y en avait tellement qu'une année ne suffirait pas à lui expliquer. D'ailleurs, je savais pertinemment que la majorité de celles-ci étaient liées à des festivités diverses. Comme le yukata au festival d'été. Quoique... J'en venais à parler de traditions et non plus des us et coutumes de mon pays.

"Ici, on ne fait pas la bise aux gens que l'on vient de rencontrer. Il y a toujours une marque de respect. Prenons un exemple..."

De ma main libérée de la sienne, je baissais l'un de mes 5 doigts.

"Tu devrais m'appeler Ruika-san."

Je baissais un autre doigt.

"Je devrais t'appeler Leo-senpai."

Encore un autre, de sorte qu'il n'en restait que deux.

"Les adultes inconnus ont le terme de sama. Ta mère devient pour moi oka-sama."

Je souris et me retrouvais avec un dernier doigt, l'auriculaire, levé.

"Les enfants finissent par chan ou kun. Imoto-kun signifie petit frère. Ca marche aussi avec les prénoms..."

Je l'avais peut-être perdu dans tout ce charabia, aussi avais-je remis ma main le long de mon corps et souriais, à présent en le regardant encore.

"Mais ne t'en fais pas... A partir d'un moment, on en vient à donner uniquement les prénoms. En arrivant ici, je t'ai appelé directement Leo comme j'ai suggéré qu'on me nomme Ruika ou Ru'. C'est beaucoup plus pratique sans utiliser nos formalités d'usage."

Je fus surprise, brusquement, en me souvenant qu'il n'était peut-être jamais allé dans un festival, qu'il n'avait surement jamais porté de kimono et qu'il ne connaissait sans doute pas toutes nos histoires liées à diverses fêtes.

"Si un jour, j'entends parler d'un festival, je t'y emmène ! On mangera des dangos, on essayera d'attraper des poissons et on regardera le feu d'artifice ! Tu verras, c'est amusant !"

Je fis quelques pas en arrière et pivotais sur moi-même.

"Si tu as quelque chose de prévu, nous devrions rentrer..."

Cela me permettrait de réviser et accessoirement de ne pas être seule sur le chemin du retour.

HRP:

J'aurais pu l'endormir en lui parlant de nos coutumes mais au lieu de cela, j'avais perçu un intérêt dans mes dires. Etrange... Normalement, on se moque de ce que je raconte et disons simplement que c'est la base de la base... Un peu comme le dessin animé pour enfant de la veille qui disait "tori" en montrant un oiseau et que j'avais regardé l'espace d'un instant. Quoiqu'il en soit, j'avais pivoté et ma jupe plissée avait suivi le mouvement, virevoltant sur le côté.

D'ailleurs, les enfants avaient disparus. Il était certainement l'heure pour eux de prendre un bain, de manger, de faire de quelconques devoirs et de finir au pays des rêves pour recommencer une nouvelle journée. Le parc s'était assagi en moins d'une demie heure et les balançoires étaient disponibles. J'aurais aimé en faire, ne serait-ce qu'un instant, une minute mais Leo m'avait informé que nous pouvions partir. Je jetais un dernier regard à ce jeu d'enfant que j'aurais aimé utilisé et pris la direction de la sortie du parc avec mon accompagnateur.

Durant le trajet nous menant à la résidence où il suffisait de marcher sur le trottoir, je réfléchissais à toutes ses idées que j'avais eu en tête. Tout d'abord, l'invitation à Neverland. Je devais trouver des gens pour nous accompagner afin de me familiariser avec d'autres personnes et d'avoir un nombre incalculable d'amis. En second, je devais, une fois devenue amie avec eux, tenter d'organiser un goukon. Bon, certes, je ne finirai pas avec quelqu'un durant cette soirée à moins qu'il soit masochiste et de passer pour une sadique...

Je secouais la tête, tandis que ma jupe suivait chacun de mes pas et que mes cheveux restaient en mouvement. A quoi pensais-je ? Bien sûr que je ne montrerai pas cette facette de brute... Je détestais la violence alors le devenir...

18h. Nous arrivâmes devant la résidence. Notre lieu de domicile depuis peu. Quelques jours, presque une semaine, en fait. Je n'avais toujours pas acheter de nourriture à préparer pour combler mon estomac et le placard à aliments ou le coin du réfrigérateur qui devait m'être destiné. Tant pis. J'irais une prochaine fois, en revenant des cours préparatoires.

Leo me coupa de mes pensées, m'annonçant qu'il avait été content de me revoir.

"Moi aussi Leo ! Mais la prochaine fois, viens directement, ne m'envoies pas de message..."

Je lui souris une fois de plus et cessais brusquement. Mince ! Fallait-il que je lui fasse une bise européenne ou une salutation japonaise ? Bah... Autant faire les deux, puisque je doutais. Je m'inclinais alors.

"Merci pour les pocky..."

Je tenais encore l'emballage dont les trois quart avaient disparus. Je me remettais droite, me mis sur la pointe des pieds et embrassa de mes lèvres, sa joue.

"Bonne soirée."

Un énième sourire égaya mon visage. Sourire malicieux, presque enfantin qui s'éclipsa avec moi lorsque je m'engouffrais dans la résidence pour gravir les marches d'escalier et atterrir dans ma chambre, au deuxième étage. Je n'avais rien contre embrasser la joue d'un homme... C'était un geste amical en Europe, d'après ce que j'en avais compris et puisqu'il venait de là, autant mêlé les coutumes de chacun.