La matinée était passée et j'étais allé vérifier à Todaï, les admissions de l'année qui débutait. La secrétaire m'avait informé que tout étudiant quel qu'il soit recevrait la réponse par courrier et qu'il me fallait attendre, sagement chez moi qu'elle arrive. Point négatif, je venais d’emménager dans une nouvelle résidence et le temps que me parvienne la réponse, l'année serait déjà commencée. Du moins, c'est ce que je croyais. J'avais regagné la résidence puis, avais discuté avec la demoiselle qui m'avait mise chez les tortues, espérant qu'elle m'informe qu'un éventuel courrier m'étais parvenu. Justement, une lettre était arrivée durant mon absence. L'entête m'apprit qu'il s'agissait de la réponse de l'université. J'allais enfin savoir ! J'allais enfin devenir une étudiante ! Ou pas...

Gagnant le salon, pensant y être seule, j'entendis quelques mots et cachais ma lettre derrière mon dos, surprise. Un sourire éclaira mon visage un instant en découvrant l'homme devant moi. Il avait l'air sympathique et légèrement timide.

"Salut ! T'es nouveau ?"

Autant engagé la conversation. Je gardais ma lettre cachée dans mon dos, espérant que la conversation ne tarderait pas trop. Ainsi, je pourrais ouvrir mon courrier et découvrir les résultats. Je n'attendis pas la réponse pour poursuivre.

"Je suis nouvelle aussi et je m'appelle Ruika. Tu peux m'appeler Ru' !"

J'avais penché un peu la tête sur la gauche, laissant mon sourire s'agrandir avant de tendre la main pour le saluer. A le regarder de plus près, il semblait pâle et typé européen. Un étranger, sans doute. Je n'avais pas prêté attention à son accent japonais. Qu'avait-il dit d'autre déjà ? Je ne m'en souvenais plus. Mes pensées étaient sans doute un peu trop tournées sur mon avenir puisque la main tendue contenait mon enveloppe scellée.

"Que disais-tu ?"

M'en rendant compte un peu tard, j'attendis. Je devais d'abord discuter avec des étudiants et les connaitre comme l'avait suggéré mon ancien employeur et puis, Todai n'allait pas s'envoler. Le courrier non plus puisqu'il se trouvait dans ma main tendue et que je pouvais le voir.

 Je regardais l'enveloppe dans ma main. Premièrement, il n'avait pas pris ma main tendue vers lui. Deuxièmement, il n'avait pas remarqué l'enveloppe qu'elle tenait. Troisièmement... Il se présenta. J'en profitais pour laisser retomber ma main, mon bras, le long de mon corps et relever la tête vers lui. S'il était grand, ça oui ! Plus que celui que j'avais croisé la veille au rotenburo. Comment s'appelait-il déjà ? Je secouais la tête en entendant les questions du jeune brun aux cheveux longs. Je me mis à rire en l'entendant énumérer diverses questions et fourrais dans une poche mon enveloppe.

"Oui ! Je te l'ai dit ! Je suis nouvelle ! Enfin... Mon arrivée s'est faite hier... Donc si tu es seulement là aujourd'hui... Je suis plus ancienne que toi, non ?"

J'affichais un grand sourire, me moquant un peu de mes propres dires qui finalement, ne signifiaient rien, d'après moi. Je reportais mon attention au dessus de la tête du jeune homme, posant ensuite mon menton entre mon pouce et mon index, réfléchissant à une réponse à la deuxième question. Je grimaçais un court instant avant de secouer la tête négativement et de sourire une nouvelle fois.

"Les endroits que je connais se résument à ma chambre et le rotenburo. Les couloirs menant à la mienne aussi... Le hall et... On est où là ?"

Je scrutais les lieux, faisant le tour du jeune homme. Trois canapés entouraient une table basse. Le salon sans doute. J'en profitais également pour analyser le garçon. Certainement plus âgé que moi vu sa taille, son style vestimentaire et... Ah non. Pas sa façon de parler.

Revenant devant lui, je reportais une nouvelle fois mon regard dans le sien.

"Boire un truc... Oui. Mais où ? Et puis... Avant cela... Faudrait que j'ouvre un courrier, ça ne te dérange pas ? Ca me donnera une bonne excuse pour boire !"

J'étais sûre de moi. Je fêterai mon entrée à Todaï avec un inconnu du nom de Mathias mais, au moins je ne le fêterai pas seule. Et qui sait, peut-être m'en ferais-je un ami par la suite...

Malheureusement, l'homme décida finalement de m'abandonner, me laissant là. J'en profitais pour ouvrir mon courrier, découvrant que je n'étais pas reçu. Il ne me restait qu'à chercher un emploi. Je sortis, fourrant la lettre dans ma poche, de la pension...