Voilà, j'y étais. La pension Hinata... quel bonheur de venir enfin y étudier ! J'étais euphorique, quoiqu'un peu anxieuse. Je ne savais pas trop qui j'allais rencontrer, je ne connaissais rien à cet endroit magnifique. Je décidai de sonner à la porte premièrement, mais personne ne vint. Inquiète, je poussai doucement la porte, et entrai. C'était une grande entrée, très propre. Je pris un chemin au hasard, ne sachant pas où aller et traversai quelques pièces, descendis quelques escaliers pour finalement déboucher sur un jolie terrasse avec plusieurs arbres autour. Je m'assis par terre en pensant à ce qu'il allait advenir de moi... avec qui j'allais nouer une amitié... ou même, quelles surprises révèlerait cet endroit. Je me mis ensuite à penser à ma mère... si elle me voyait, j'espère qu'elle serait fière de moi ! Tout à coup, je réalisai à quel point j'avais progressé depuis sa mort. J'avais pris mon destin en main, et je comptais bien sourire à nouveau.

Ce soir, n'ayant rien à faire, pourquoi ne pas visiter un peu plus la pension? Et puis... En y pensant, le soleil était en train de se coucher et ça devrait être beau à voir depuis un lieu qui donnerait sur l'extérieur. Je réfléchissais un peu avant d'avoir trouvé le lieu idéal. Oui, un lieu où je ne m'étais pas encore rendu et qui donnait sur l'extérieur, comme par exemple la terrasse! Je me décidais alors rapidement à me lever pour y aller et me rendis après quelque minutes au premièr étage où j'avais entendu dire qu'un escalier donnait sur la terrasse. Ce n'était que le lendemain soir de mon arrivée et il faut avouer que j'étais encore un peu perdu mais tout rentrera en ordre petit à petit. Je cherchais donc ce satané escalier en fouillant du regard tout l'étage avant d'entendre un gros bruit et un petit cri non loin de ma position. Intrigué, je me dirigeais vers l'endroit d'où j'avais entendu le bruit, espérant qu'il ne soit rien arrivé de grave. Par pur chance, j'arrivais alors devant un escalier qui semblait monter et donner sur l'extérieur. Je commençais à monter quelque marches quand, alors que je levais la tête, je vis une personne qui me semblait familière étalée entre l'escalier et la sortie. Me précipitant pour la rejoindre je l'appelais à plusieurs reprises toujours plus fort avant de me rendre compte que c'était Shimizu. J'atteins donc sa position et, alors que j'étais heureux d'avoir enfin découvert la terrasse, je remarquais assez rapidement que du sang coulait des lèvres de la gérante. M'inquiétant à son sujet je me penchais un peu et lui parlais calmement.

"Shimi? Tu vas bien?"

C'était bien Shimizu, j'avais bien vu. Je l'a vis alors faire toutes sortes d'étirements par ici par là et l'on entendait donc des craquements ce qui était tout à fait normal. Je surveillais cependant quand même les mouvements de la gérante pour m'assurer qu'elle ne retombe pas quand elle me montra du doigt une jeune fille que je ne reconnaissais point. Je me tournais donc vers la personne qui nous faisait en fait dos après avoir donné un hochement de tête comme réponse à Shimi, et commençais à marcher en la dépassant. Je faisais des pas assez lent et décidais de prendre une grosse voix, n'ayant pas peur de l'inconnue.

"Bonjour. Avez-vous besoin d'aide?"

C'est vrai quoi, ce n'était surement qu'une personne égarée mais bon, comment avait-elle fait pour atterrir ici, sur la terrasse du pensionnat?

Je pensais à la nouvelle vie que j'allais entamer, quand j'entendis vaguement un bruit sourd de quelque chose qui tombe sur le sol, puis des cris. Je mis quelque temps à percuter, rêveuse. Quand mon cerveau assimila l'information et que je me rendis compte de ce qui pouvait s'être passé, un déclic se fit, et je me relevai brusquement. Je me retournai, et vis une magnifique femme aux cheveux bleus, très longs, qui se relevait péniblement. Elle avait du sang qui coulait de sa bouche. Je pris peur, et esquissai un pas lorsque je remarquai le jeune homme qui se tenait à côté d'elle, l'air inquiet. Mon corps ne répondait plus, j'étais perdue. Peut-être n'avais-je  pas l'air très fin, mais ma timidité prenait le dessus et je ne pouvais pas m'avancer vers ces gens que je ne connaissais pas. J'aurais tellement aimé que quelqu'un vienne m'accueillir à cette porte, tout à l'heure... J'aurais peut-être dû attendre plus longtemps avant d'entrer de cette façon... Pourquoi n'avais-je pas tout simplement décidé de rester tout du moins dans l'entrée, je me le demandais. Je restai bouche bée, quand je me rendis compte qu'on me pointait du doigt, qu'on me regardait obstinément, et qu'on attendait sûrement de moi une réaction. Je pris mon courage à deux mains et commençai à avancer vers eux, tout doucement. Mon cœur battait à cent à l'heure, j'étais très nerveuse à l'idée de devoir adresser la parole à ces inconnus, mais c'était la moindre des choses, car cette femme était tombée et s'était blessée, sauf que je n'avais rien fait pour l'aider. Soudain je vis le garçon hocher la tête, et s'approcher de moi. Qu'allait-il se passer? Je ne savais comment réagir, lorsqu'il me demanda si j'avais besoin d'aide. Je sentais qu'il avait l'air irrité et je répondis tant bien que mal :

"Euh... euh... à vrai dire je ... je suis nouvelle et je.. je suis un peu perdue. Personne n'est venu tout à l'heure alors je suis rentrée, comme ça, et j'ai pris un chemin au hasard. Je suis vraiment désolée si je vous ai causé du tort, et si je ne sui pas accourue pour aider cette jeune femme qui s'est blessée. Sincèrement... sincèrement désolée."

Alors je baissai la tête et me mis à pleurer à moitié, toute rouge de honte. Des larmes que je ne contrôlais pas coulaient sur mes joues et allaient s'écraser sur le sol. Je ne DEVAIS pas pleurer. De quoi avais-je l'air à présent? D'une pauvre idiote, certainement.

Y étais-je allé un peu fort?... Comme je le pensais, ce n'était qu'une simple nouvelle et je l'avais fais pleurer. J'en déduis donc qu'elle devait être vraiment fragile. Et puis, après réflexion je ne pouvais pas lui reprocher d'être entré comme ça sans permission parce que j'avais fais exactement la même chose. Je pense que si Shimi commencerais à lui reprocher cette faute, je me sentirais obliger de défendre la nouvelle. Je me rapprochais alors un peu plus d'elle en ricanant de sa réaction avant de lui tapoter la dos.

"Roh! Mais faut pas pleurer comme ça! Je trouve ça tout à fait normal d'entrer comme ça. Tu es libre non?"

Je tirais la langue à Shimizu et me retournais pour voir le ciel. Il était vraiment beau, étant en train de se coucher.

"...Vous avez vu ça..?"

Le garçon me tapota le dos, en me disant que je ne devrais pas pleurer comme ça ... malheureusement, je ne pouvais pas m'en empêcher, j'étais devenue extrêmement sensible et timide depuis la mort de ma mère. Je ne répondis donc rien, puisque je ne voulais surtout pas passer pour une fille qui s'apitoie sur son sort, et qui prend un décès pour excuse à chacune de ses fautes. J'avais appris à ne plus raconter cet évènement autour de moi, car même si j'appréciais que les gens soient gentils avec moi et me soutiennent, je ne pouvais supporter que l'on s'occupe plus de moi pour une raison telle que celle-ci. Lorsque cela arrivait, j'avais toujours l'impression que les gens m'aidaient à cause de ce drame, mais qu'ils ne m'aimaient ni ne me connaissaient vraiment. Je décidai donc d'omettre mon passé, et me tus. La jolie femme s'approcha de moi, et me consola. Je la remerciai silencieusement, d'un regard. Alors que le jeune homme faisait la remarque, je levai la tête vers le ciel, les yeux encore brillants de larmes. Ce spectacle était magique... Celle qui se trouvait à côté de moi montra une superbe colombe dans le ciel. J'étais émerveillée. Soudain, je vis quelque chose tomber du ciel, et venir s'écraser sur la joue de ladite femme. Même si je ne pouvais pas vraiment me le permettre, je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Compatissante, je sortis un mouchoir de ma poche et le lui donnai. Je lui devais bien ça, elle qui m'avait consolée! Elle s'essuya, un peu ronchonne, mais on voyait bien que ça la faisait rire intérieurement. Alors je pensai que je devrais leur poser quelques questions, en commençant par leur identité:

"Décidément, ça n'a pas l'air d'être ton jour! Je suis désolée. Mais, avant toute chose, je voulais savoir, quels sont vos noms? Moi, c'est Lenalee, Lenalee Aibu."

Il fallait quand même se dire que Shimizu venait à peine de se blesser dans l'escalier qu'elle reçut une fiente... C'était tout simplement hilarant! Ce n'était, malheureusement pour elle, pas trop son jour de chance on dirait. Je me retournais alors leur faisant maintenant face ainsi qu'au toit et ne pus m'empêcher de faire un rire moqueur. Je m'approchais et me penchais en la fixant, faisant toujours un sourire aussi moqueur.

"Tu vas bien? Ça ne pue pas trop?"

Je lui tirais la langue et me redressais en riant, lui tendant la main pour l'aider à se relever. Attendant donc maintenant qu'elle prenne ma main, je posais mon regard sur Lenalee, tel était son nom, du moins je crois. Je lui fis un sourire chaleureux avant de lui répondre en premier.

"Moi c'est Haiko."

Remarquant que Shimizu n'avait toujours pas prit ma main, je l'enlevais donc en pensant qu'elle se débrouillerait.

Je riais, quand le jeune garçon s'approcha de la malchanceuse Shimi', se mit à rire et demanda si ça ne puait pas trop. Il se gênait pas lui! Et puis, il lui tira la langue. Je fronçai les sourcils. Hum, décidément, les gens ici ont l'air bizarre... mais il lui tendit quand même la main pour l'aider à se lever. Eh bien, finalement, il n'avait pas l'air si méchant que ça! Il me sourit, et répondit à ma question. Il s'appelait Haiko. Se rendant compte que sa main pendait dans le vide, il la retira, en pensant sans doute que la jeune femme allait se débrouiller seule. J'espérais qu'elle ne se mettrait pas trop en colère contre cet Haiko, mais je me doutais que toute cette histoire allait mal finir. Soudain, tout se passa à une vitesse fulgurante: je la vis se lever, serrer son poing et propulser le garçon dans les airs. Elle le traita d'idiot, et moi, je ne bougeai plus, époustouflée par sa force. Elle me rassura:

"T'inquiete pas.. Il va prendre l'habitude.. Je fais cela uniquement aux garçons."

Alors j me mis à rire, à rire... je n'en pouvais plus. Dans un élan de tendresse, je sautai au cou de Shimi', et lui dis:

"Je pense que je vais ADORER étudier et vivre ici !"

Malgré le coups que je venais de me prendre, j'étais assez fier de ce que j'avais dis et je l'assumais. Il faudra surement du temps à Shimizu pour s'habituer à mes blagues. Bref, je fus propulsé en arrière ne touchant même plus le sol, sous la puissance de son poing. Elle avait frappée au bon endroit et assez fort pour me faire toucher seulement le vide. Je retombais rapidement et fis plusieurs roulades dans tous les sens avant d'être arrêter d'un coup par la barrière de la terrasse. Au bout de quelque secondes à ne plus avoir bougé, je me redressais en me frottant le dessous du menton, à l'endroit où son poing m'avait frappé. Je bougeais ensuite mes mâchoires dans tous les sens pour voir si je les sentais. Puis je finis par me relever en touchant cette fois-ci mes dents pour voir si elles n'étaient pas cassées. Super, rien à signaler! Tout était nickel! Content de ne pas être blessé, je rejoignais les deux personnes en me grattant la tête, un demi-sourire aux lèvres. Je chuchotais alors comme pour me parler à moi-même.

"Je la méritais peut être celle-là.."

Je me mis alors à rire discrètement avant d'atteindre enfin les deux personnes. Je tournais la tête vers Lenalee en croisant rapidement le regard de Shimizu, espérant qu'elle se soit calmée pour que cela n'aille pas trop loin. Je gardais ce demi-sourire et lui parlais maintenant d'un ton calme.

"Tu viens d'où toi?"

J'étais encore accrochée au cou de la jeune femme, lorsque nous vîmes Haiko finir son vol plané sur la barrière. C'était trop drôle, même s'il devait s'être fait mal! On entendit le bruit sourd de sa chute, il resta immobile quelques secondes, puis on le vit de loin se frotter le menton et tester sa mâchoire. Il devait souffrir, mais cela ne l'empêcha pas de rire en douce en s'approchant de nous. Je remarquai que Shimizu souriait, ce qui voulait dire qu'elle s'était calmée. Je la libérai donc, et elle me dit:

"Je suis certaine que tu va rapidement t'intégrer dans la pension Lenalee."

J'etais très heureuse que l'on m'encourage de cette façon, car je n'avais pas l'habitude du contact avec les gens. J'allais enfin me faire des amis! Elle passa sa main dans mes cheveux, mais je la vis l'enlever rapidement pour adopter un air songeur, et un peu inquiet. Je voyais bien qu'elle était gênée, mais je ne savais pas pourquoi, alors je lui adressai un petit sourire en guise de réconfort. Haiko, qui nous avait rejointes, me demanda d'où je venais,et quelques secondes après, Shimizu fit de même. Puisque je je ne pensais pas avoir besoin de leur raconter que j'avais voyagé seule, sans mon père, ni d'où je venais exactement; je voulais me taire pour le moment, je répondis assez vaguement :

"Hum… c'est-à-dire que, je viens de très loin, à l'autre bout du pays, et que ce long voyage et cet épisode m'ont épuisée… Quand je suis arrivée, je me souviens avoir directement déposé mes bagages à l'entrée, mais je ne suis pas sûre que c'était une bonne idée. En tout cas, je suis contente d'avoir pris ce chemin ! Je me souviendrai de cette rencontre ! "

Je pris les mains de ces deux personnes, comme si j'étais encore une enfant, et leur demandai:

"Vous voulez bien me montrer ma chambre, dites? Parce que sinon, je crois que je vais encore me perdre…"

Je les regardai toutes les deux échanger quelque mots avant d'écouter le récit de Lenalee. Son discours finis, je souris à sa demande de lui montrer sa chambre et me retournai vers Shimizu d'un air interrogateur comme si je lui retournais la question. Je pris un ton enjoué en fixant les deux personnes l'une après l'autre.

"Moi ça me dirais bien! Ça te dis Shimi?"

Un peu surpris que Shimizu ne ce soit pas présentée et que la nouvelle ne s'en soit pas rendue compte, je décidai de le faire à la place de la gérante. Je plongeais alors mon regard dans celui de l'arrivante et montrais donc du doigt Shimi.

"Elle c'est Shimizu, notre gérante adorée!"

Puis, je fis un clin d'oeil à la gérante avant de me diriger vers l'escalier. Je me retournai, un demi-sourire apparaissant sur mes lèvres.

"On y va alors?.."

Ils m'écoutèrent attentivement, et parurent amusés de mon geste enfantin. J'étais très pressée de découvrir dans quelle chambre j'allais être, et surtout avec qui! Alors une possibilité se dessina lentement dans mon esprit... et si? Et si mon ou ma colocataire me détestait? Ou que je la détestais? Que se passerait-il alors? Et si je... oh et puis, mince alors !! Je devais prendre sur moi, pour arrêter de systématiquement m'imaginer le pire. Soudain Haiko me présenta  la jeune femme comme Shimizu, la gérante du pensionnat, ce qui me fit sortir de mes pensées négatives. Quoi? La gérante? Ouah. Ce qui veut dire que la personne j'avais indirectement blessée... décidément, j'étais douée, moi. Alors Shimizu, souriante, répondit à ma question:

"Oui ! Allons y alors !"

Gardant leur mains dans les miennes, je me mis à courir vers l'intérieur de la pension sur un coup de tête, et je criai:

"Youpi !!"