Bien que le temps fut mitigé, j'avais osé prendre le bus, valise en soute, pour une nouvelle vie. Adieu mère, maid-café, amies, gérante et lycée... Bonjour vie d'étudiante à Todaï ou en prépa, avec des personnes complètement inconnues qu'il me faudrait connaitre tôt ou tard. J'avais déjà été prévenue, depuis ma plus tendre enfance, on n'accepte pas les bonbons des gens que l'on ne connait pas et justement, dans le bus, personne n'en mangeait. Des odeurs de transpirations, de nourriture, de pets même, avaient envahies l'habitacle et j'avais hâte d'arriver. Dans le bus, hormis le chauffeur, personne ne pouvait ouvrir sa fenêtre et j'avais du retenir quelques fois ma respiration pour mon propre bien.

Enfin, la gare s'était dessinée. La gare routière mais également celle des divers trains. A ma descente, entre une vielle dame que j'aurais aimé poussé pour respirer l'air pur ou pollué de l'extérieur et un homme dont les aisselles se retrouvaient à hauteur de mes narines, j'avais inspiré profondément une bouffée d'air, attrapé mon sac de voyage au fin fond de la soute et hop ! J'avais filé en direction du complexe Hinata. J'avoue qu'il m'avait fallu demander mon chemin au chauffeur qui détenait à l'orée de ses lèvres une cigarette. Cela devait surement être sa pause. Mais chose surprenante, il m'avait parlé sans la quitter de ses lèvres et elle n'était pas tombé.

Quelques minutes plus tard, j'avais gravi les marches et poussé cette porte que je serais condamnée à ouvrir tout le temps que durerait ma scolarité. Le soleil avait éclairé un court instant l'intérieur. Un nuage venait de faire irruption assombrissant la pièce et la demoiselle qui s'y trouvait. Cette dernière avait parlé pendant que j'avais inspecté du regard les lieux et analysé sa poitrine. Du B, sans doute. Un lancer de dé m'attribua le groupe des kame. L'inconnue dont je n'avais pas retenu le nom m'informa du numéro de ma chambre et je gravis les marches de l'escalier.

Après plusieurs tentatives de serrures au deuxième étage, je trouvais enfin mon domicile. J'entrais. Ca y est. C'était définitif. Je me retrouvais chez les bouffeurs de salades, obligée peut-être d'en manger tous les jours. Heureusement que je n'étais pas tombé chez les mangeurs de bananes ! Je me laissais choir sur le sol, à genoux, mon sac à mes côtés avant de scruter du regard la pièce à la recherche d'une porte indiquant la salle de bain. Aucune. Je tombais face contre terre, anéantie à l'idée d'une salle de bain commune. Me relevant après un court instant à me trémousser comme une tortue à même le sol, j'inspirais et expirais profondément. Il était temps pour moi de découvrir les divers endroits dans lesquels je serais amené à me laver, manger, et profiter du temps libre dont je disposerai.