Aéroport:

Une petite musique douce retenti alors que je descendais de l'avion. Le vol s'était bien passé, pas de perturbations, ni aucun terroriste, bref, pas un incident de ceux qui auraient pu tracasser mes parents hyper protecteurs. Rien non plus de ce qui aurait pu m'angoisser. Bon, en même temps, cela faisait plusieurs fois que j'empruntais ce moyen de locomotion et donc je m'y habituais petit à petit.

Je finissais en bas des escaliers quand un petit taxi vint me chercher. J'étais à la fois contente et en même temps je soupirais. Ils avaient encore tout prévu! J'aimais mes parents, j'étais timide et peu débrouillarde, mais à la longue j'en avais assez de ne pas pouvoir prendre mon envol seule et devenir plus autonome. J’espérais d'ailleurs secrètement qu'à la fin de cette année j'aurais réussi à atteindre au moins cet objectif. Devenir plus indépendante. Bon, c'était sûr, il restait quand même un sacré boulot, et une année à Todaï ne serait pas de trop à l'occasion.

Je dus quand même faire patienter le chauffeur, le temps de récupérer mes bagages. Mais j'avais du ramener plus de sacs que nécessaires, cinq ou six en vérité. Alors à porter, rien que moi toute seule, cela allait être difficile. Et encore, papa et maman m'avait promis de me faire transmettre le reste après mon arrivée. Résultat, je revenais voir le taxi essoufflée...Avant de m'apercevoir que...

La poisse:

Et oui, voilà, c'était cela quand on n'avait toute la malchance du monde. Une de mes valises, celle avec mes vêtements, forcément, était en partance pour la Chine au lieu du Japon. Heureusement, elle n'était pas partie pour un autre continent, cela rendrait les choses plus aisées, mais je ne garantissais pas de revoir tous mes vêtements, et encore moins en bon état. Je me retenais de pleurer, et donc parti pour la ville. Parce qu'en attendant, cela allait être long avant que ma valise arrive à bonne destination. Alors je m'accordais une séance shopping, car j'avais beau être solitaire je n'allais pas rester tous les jours nue dans ma chambre à la pension, d'autant plus que j'avais des cours à suivre. Et puis j'aimais bien être bien habillée, sans pour autant dépenser dans les marques. J'avais hâte de participer aux premières leçons à l'université, et cette idée me rendit le sourire et un peu d'enthousiasme,presque instantanément.

Je descendais donc du véhicule pour une première halte, tout cela allait me coûter en argent de poche...Je me dépêchais alors de courir dans une boutique et d'y effectuer mes premiers achats. Je pris de quoi porter pour deux semaines. En faisant des lessives, cela devrait aller même s'il était rare que j'aime à reporter tout le temps les mêmes choses. Hop, au bout d'une heure, je grimpais de nouveau dans le véhicule, les bras chargés, au point où le chauffeur roula des yeux dans son rétroviseur et grommela:

-"Les jeunes de maintenant...Ffff c'est plus ce que c'était..."

L'entendre ronchonner me fit rire, en même temps, il s'en fichait non? Lui, il allait être payé dans tous les cas. La voiture redémarra et emprunta la route vers mon lieu de séjour. Je me mordis la lèvre et angoissais un peu. Tout se passerait bien? Car bien souvent ma timidité faisait défaut, et même si je vivais mieux sans les autres, je n'avais pas envie de les avoir à dos. Je souviens de quand j'étais dans mon pays natal. On me faisait toute sorte de vacherie, était méchant avec moi et parfois même m'insultait. Parce que comme je restais dans mon coin, les gens pensaient que j'étais méchante. A cela s'ajoutait des jalousies parce que je suis studieuse, et plus douée que la moyenne dans le domaine scolaire. J'étais dans le top 10 des élèves ayant les meilleurs résultats dans tout le Canada confondu. Malgré les gens qui conspuaient sur moi.

Arrivée:

Bref je ne suis plus et décidais que je ne serais pas encore une de ces victimes, et comptait bien profiter de cette année pour changer les choses. Et comme l'avait dit papa et maman, j'allais devoir m'ouvrir aux autres, et cela, c'était le plus difficile, introvertie et timide que j'étais. Je regardais défiler les paysages à mesure que nous allions plus avant puis fut surprise de voir un joli pont se dresser non loin de ce qui ressemblait à la pension. Je sortais rapidement de mon sac à dos une brochure et vérifiais le prospectus:

-Oui, c'est bien ça!
-Et voilà jeune fille, nous sommes arrivés!
-Merci!

Je me dépêchais de descendre et payais la note salée, je dois dire. Puis le chauffeur, en me voyant m'empêtrer dans mes sacs et tomber à cause de ma maladresse, prit pitié de moi et m'accompagna même à l'intérieur. J'entrais et offris un timide bonjour à la réceptionniste et récupérait les informations qui m'incombaient (règlement intérieur, chambre, groupe etc), rempli tous les documents administratifs et formulaires adéquats:

-Les Saru? Oh, j'espère que...j'y serais bien...merci madame...

Après un bref au revoir, je montais à ma chambre quand tout fut régularisé, et remercia le chauffeur qui avait tout amené jusque là haut d'un petit billet supplémentaire. C'était la moindre des choses non? Puis je prenais mes quartiers et m'installais, rangeais mes affaires sans empiéter sur l'espace d'autres camarades et m'allongea sur le lit en rêvassant. Je me promis d'aller observer la vue depuis le pont. Je me reposais, un peu fatiguée du voyage. J'avais du sommeil à rattraper, et ce décalage horaire...

FIN